Les sciences humaines et la psychiatrie ont longtemps donné des maladies mentales une image de radicale altérité. Celles-ci ont pourtant joué un rôle constitutif dans les sociétés européennes contemporaines, à la fois expression d’une série de vulnérabilités médicales et sociales et représentation associée au génie et au crime, part honteuse de la famille bourgeoise et révélateur des désordres et des grands bouleversements sociaux.
Cet ouvrage est à la fois une introduction à l’histoire des rapports de nos sociétés aux maladies mentales au cours des XIXe et XXe siècles et une synthèse des acquis historio graphiques des quarante dernières années sur cette question, de l’histoire sociale et culturelle aux science and technology studies, en passant par l’histoire d’en bas et l’histoire matérielle. Organisé autour de quatre dimensions – espaces, savoirs, pratiques et expériences –, il montre comment les maladies mentales et leur traitement social ont été à la fois un reflet et un moteur de certaines des transformations de nos sociétés.
Les auteurs:
Nicolas Henckes est sociologue et chercheur au CNRS. Ses recherches portent depuis une vingtaine d’années sur les transformations de la psychiatrie depuis les années 1950. Il a publié de nombreux articles sur la question.
Benoît Majerus est enseignant-chercheur à l’Université du Luxembourg. Il travaille depuis une quinzaine d’années sur l’histoire de la psychiatrie en Europe occidentale au XXe siècle. Il a récemment dirigé Material Cultures of Psychiatry (avec Monika Ankele, transcript, 2020).