Les archives du Web sont le résultat d’un ensemble de processus qui implique à tous les stades – depuis leur conservation jusqu’à leur consultation, une variété d’acteurs, humains et techniques, des arbitrages et négociations, ainsi que des dispositifs socio-techniques. Ces questions concernent les archivistes, mais aussi les chercheurs.
Cet article montre comment les approches STS (Science and Technology Studies) permettent d’éclairer les processus d’archivage du Web, d’ouvrir sa boîte noire et de saisir les médiations socio-techniques à l’œuvre. Celles-ci se jouent à plusieurs niveaux, en une sorte de « mille-feuille », puisqu’il faut prendre en compte la constitution du site et de la page, leur mise en ligne, leurs liens, leur vie mais aussi leur postérité, via leur conservation et redocumentarisation, ainsi que les changements subis au cours du moissonnage, l’insertion dans un dispositif d’archivage spécifique, les métadonnées associées, l’extraction du contexte originel, etc. Des exemples concrets sont convoqués à l’appui de cette réflexion sur ces infrastructures et architectures de réseaux et de savoir que créent les archives du Web, avant de montrer de quelle manière l’archivage du Web peut être considéré comme un microcosme de la gouvernance d’Internet (implication multi- parties prenante, pratiques et sources de normativité en concurrence ou complémentaires, missions et imaginaires distincts d’acteurs variés – institutionnels mais aussi l’Internet Archive, l’IIPC, l’Archive Team, etc.). L’impact sur l’identité même des fonds d’archives, leurs formes et formats, leurs modalités de collecte ou d’accessibilité est enfin exploré.
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