"Barvalo" ouvrira ses portes au Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée le 10 mai 2023 à Marseille. L'exposition traitera de l'histoire des différents groupes romani (Roms, Gitans, Sinte, Manouches et Gens du Voyage) en Europe. Une histoire fortement teintée d'antitsiganisme. Conçue de manière collaborative par un groupe de 19 personnes d'origine romani et non romani, elle a permis au musée de mener en parallèle une réflexion sur ses collections en permettant de procéder à des acquisitions suggérées par le groupe ainsi qu'à une réindexation de ses fonds anciens.
En ne cédant pas à la tentation de la simplification et de l'homogénéisation pour parler des "Tsiganités", le musée s'est ouvert également à la critique des musées d'ethnologie et de société en confiant à l'artiste Gabi Jimenez une installation au sein de l'exposition: le musée du Gadjo.
Julia Ferloni est conservatrice du patrimoine en charge du pôle de collection “Artisanat, commerce, industrie” au Mucem. Spécialiste de l’art et des sociétés de l’Océanie, elle a enseigné cette discipline à l’école du Louvre et a été commissaire de la section consacrée à l’Océanie du Muséum de Rouen en collaboration avec Te Papa Tongarewa, National Museum of New Zealand (2011). Elle est spécialisée dans les projets muséaux participatifs : exposition « Carte blanche à l’hôpital d’Oissel » (Muséum Rouen, 2010), enquête-collecte « Professions et savoir-faire romani en Europe et Méditerranée » (Mucem, 2019-2021), expositions « Patrimoine de la Méditerranée » et « Barvalo » (Mucem, 2023). Elle mène un doctorat sur ce dernier projet à l’Amsterdam School for Cultural Analysis (Université d’Amsterdam).
Gabi Jimenez est artiste-auteur des arts visuels. En 2007, il expose et représente la communauté Tsigane dans le « Premier Pavillon Tsigane/Rom » à la 52e Biennale de Venise d'art contemporain. En 2009, il présente ses installations et œuvres à la « Kitch Konvention und Kunst Art contemporain-rom » dans le segment « Europe - Exposition d'art contemporain », à Cologne, en Allemagne. En 2010, il expose en solo au « Premier séminaire International sur les Arts Romani » à Cáceres, Espagne. Il demeure actif dans l'activisme politique et de sa communauté : En 2010, quand les expulsions massives des Roms ont été menées par le gouvernement français à partir de plusieurs endroits à travers la France, Jiménez a le courage de communiquer avec les organisations internationales et de plaider pour les droits des Roms et des voyageurs. Il crée l’œuvre « L’apocalypse selon Saint Nicolas » triptyque dédiée à cet événement sans précédent. Il est à la fois un leader charismatique avec des compétences rhétoriques prodigieuses et un profond engagement, en poursuivant sa recherche de la vérité à travers de la peinture contemporaine. ». Timéa Junghaus.
En 2013, à la suite de son exposition personnelle à la DIHAL -Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement- à Paris, l’État français acquière deux de ses toiles représentant « Le Grand Paris ». Puis en 2014, Gabi Jimenez est nominé par le Ministère de la Culture d’Espagne et reçoit le prix « Peinture et Arts plastiques » pour l’ensemble de son œuvre militante et engagée. La même année, le Président de la Cour Européenne des Droits de l’Homme acquiert l’une de ses œuvres, désormais exposée dans la salle des juges. En 2016, l’œuvre « Caravane sous deux cyprès », déjà remarquée lors de la Biennale de Venise de 2007, est exposée à San Sebastian (Espagne), capitale européenne de l’art, lors de l’exposition « Tratado de Paz » sur la représentation de la paix, et parmi plus de 300 œuvres d’artistes tels que Goya, Rubens, Murillo, Picasso, Ribera, Sophie Ristelhueber… 2021, cinq œuvres de Jimenez entrent dans les Collections Nationales du MUCEM. Les toiles de Gabi Jimenez sont parcourues de couleurs vives et chantantes, de dessins aux traits cernés de noir, stylisant la culture des Gens du Voyage et des Tsiganes sans jamais la réduire à de simples clichés. Derrière le fourmillement de détails et de joie émanant de prime abord se cache pourtant une toute autre vérité : celle d’une histoire peu reluisante, faite de discrimination, de violence, de haine, et d’expulsions. Une histoire toujours d’actualité depuis les lendemains obscurs de la Seconde Guerre mondiale.
Mercredi, 22 juin 2022 de 14 à 15 heures
Evénement hybride: C²DH Open Space et Webex
4e étage, Maison des Sciences humaines
Veuillez confirmer votre participation par e-mail à vanessa.napolitano@uni.lu.